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Brighelli, Lefebvre, L’école des progressistes a déraciné deux générations de Français (04.03.2017)


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Génération « J’ai le droit »

Curieux titre qui s’éclaire très vite : cette génération, dit Barbara Lefebvre (enseignante d’histoire-géographie, exerçant depuis toujours en proche banlieue parisienne, et qui se fit connaître il y a quinze ans — quinze ans ! Et rien de fait !— en participant aux Territoires perdus de la République avec Georges Bensoussan, alias Emmanuel Brenner) — cette génération donc est celle du selfie, de l’élève au centre et d’un ego dilaté qui ne se conjugue au pluriel que sous la forme du communautarisme. 

La faute à Rousseau !, ai-je expliqué par ailleurs. « ‘Je’ prend tout l’espace, écrase par son irréductible souveraineté un « Nous » qui aura servi au genre humain à faire société depuis des siècles, sinon des millénaires. » Ni société, ni nation. 

Le Je du « j’ai le droit » est le rêve des marchands qui pensent que la disparition des Etats-nations leur permettra de vendre plus de portables et de gadgets électroniques. C’est un ‘Je’ d’autant plus certain de son importance qu’il est en fait à valeur nulle.


L’école des Merah, Kouachi, Coulibaly…

C’est aussi la génération de l’école sacrifiée aux idées létales des pédagos. Comme elle le dit avec force, « ils étaient dans nos classes, dans les années 1990 et 2000, les Merah, Fofana, Kouachi, Coulibaly et d’autres « déséquilibrés » venus à leur suite». 

« Déséquilibrés » est entre guillemets parce que Barbara Lefebvre n’adhère pas — mais alors, pas le moins du monde — au discours lénifiant qui voudraient que les auteurs d’attentats soient juste des détraqués. C’est l’islam en soi, dans la lecture qu’impose le wahhabisme, qui est détraqué — et « le hijab est le drapeau de l’islam radical ». Bref, c’est un livre où l’on ne fait pas de prisonniers.

Comment tout cela a-t-il commencé ? « Depuis presque un demi-siècle une nomenklatura intellectuelle se sera érigée en mère-la-morale. » Ça, c’est le décor lointain. Puis la caméra se rapproche, et filme le lieu du désastre. « [À l’école] l’enfant fait l’expérience fondatrice du déplacement d’identité qui fonde toute société humaine : enfant de ses parents, il devient élève de sa classe (…) Le fait de devenir élève ne signifie pas l’effacement de son identité d’enfant, mais l’apprentissage d’une coexistence nécessaire pour s’instruire, pour apprendre à se détacher de lui-même et vivre dans cette société en miniature qu’est l’école. (…) C’est un effort auquel certains enseignants n’obligent plus l’enfant, car ce serait contraire à son libre développement. » La faute à Rousseau, vous dis-je ! Emile, Kevin et Mohammed sont désormais des sujets. Des roseaux pensants — surtout s’ils sont dépensants.

L’assassinat de l’histoire et du français

« La dévastation de l’école républicaine, continue Lefebvre, s’est construite sur un renoncement majeur : celui de l’héritage culturel via la langue française. En rendant impossible une véritable maîtrise de la langue française par tous les enfants, en la réduisant à une langue de communication purgée de toute nuance, de toute grammaire, de toute référence, en se gardant de leur imposer les codes culturels nécessaires pour entrer dans le monde, on est parvenu à déraciner déjà deux générations de Français, celle des années 1980 et celle des années 2000. »

« Le français et sa littérature d’une part, l’histoire, d’autre part, sont les mamelles de l’identité nationale. C’est pourquoi déraciner l’enseignement de ces deux disciplines était primordial pour les guérilleros du multiculturalisme postmoderne, du libéralisme mondialisé, de l’individu atomisé. » J’ai expliqué moi-même tout cela dans Voltaire ou le jihad et dans C’est le français qu’on assassine. Mais cela fait toujours plaisir de constater qu’il y a deux Cassandres qui hurlent dans le désert.



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